SAMOURAI - Période Heian – par Marc Mussat

                            

 

 

 

L'ère Heian est l'une des 14 subdivisions traditionnelles de l'histoire du Japon. Cette période commence en 794 et s'achève en 1185 avec le début de l'époque de Kamakura.

 

 

Le terme «samouraï», mentionné pour la première fois dans un texte du Xe siècle, vient du verbe saburau qui signifie «servir». L'appellation est largement utilisée dans son sens actuel depuis le début de la période Edo, vers1600. Auparavant, on désignait les guerriers plutôt par les termes mono no fu (jusqu'au viiie siècle), puis bushi, qui peuvent l'un ou l'autre se traduire par « hommes d'armes ».

 

Si l'ère Heian est pour la cour impériale une période de paix et de prospérité, les provinces, en revanche, étaient secouées de révoltes paysannes dues aux lourds impôts, réprimées par les kokushi (gouverneurs de provinces nommés par le gouvernement impérial). Les petits fermiers se placèrent sous la protection de puissantes familles de propriétaires terriens, qui de ce fait s'enrichirent et furent bientôt en mesure de recruter des armées privées, constituées de guerriers professionnels, mais aussi de simples civils (paysans, artisans, citadins).

Ces armées conféraient une certaine puissance et une indépendance grandissante à ces propriétaires terriens, riches, mais dénigrés par l'aristocratie de Kyōto, et leur permettaient de défendre leurs terres contre les menaces diverses, mais aussi de s'étendre aux dépens de leurs voisins. De plus, certains tentaient de se dégager de la tutelle du gouvernement central, ce qui provoqua des révoltes diverses (Wikipedia ) .

C'est durant la période Heian, , que l'armure du samouraï évolue dans sa forme la plus connue,ō-yoroi. Des pièces de cuir imperméabilisées avec de la laque sont employées conjointement avec du métal, de la soie tressée et différents alliages comme le shakudo (or et cuivre) ou le shibuichi (argent cuivre). Les armures sont de type lamellaire, constituées de petites plaques ,de métal ou de cuir, lacées les unes aux autres.

 

L'armure du samouraï se décompose en plusieurs parties :

  • Le casque (kabuto), essentiel à la protection et arborant toujours un ornement frontal.

  • Les épaulières (sode (armure)) recouvrent les épaules.

  • Le plastron (), sorte de signature de l'armure, protège le corps.

  • Les manches (kote) pour protéger les avant-bras.

  • Les gantelets (tekkō) servent à la protection des mains.

  • La jupe (kusazuri), constituée de plusieurs pans pour favoriser la mobilité tout en protégeant la région des hanches.La surface externe était ornée de points multicolores en fils de soie tressée. Les tresses maintenaient des rangées de lamelles .

  • Les cuissards (haedate) protègent les cuisses sous la jupe ,que le samourai portait quand il était à cheval et otés quand il était à pied .

  • Les jambières (suneate) pour la protection des jambes et quelquefois jusqu'aux pieds.

 

 

 

 

Tandis que les chevaliers d'Europe étaient à ce point gênés par leurs lourdes cuirasses de métal qu'il fallait des palans pour les hisser sur le dos de leur cheval, l'armure d'un samourai était beaucoup moins lourde et lui permettait de bondir avec agilité à travers les rizières ou de franchir sans difficulté les murailles des places fortes. De plus, cette dernière pouvait être repliée et mise dans une boîte et, si elle était coupée par une épée, elle pouvait être réparée en cousant de nouvelles lamelles.

 

Lorsque le samourai avait maîtrisé les techniques de son art, il ne cessait jamais de les pratiquer. Il s'entraînait chaque jour et parcourait souvent le pays à la recherche de maîtres toujours plus exigeants. Sa dévotion à l'art de la guerre était totale et constante car, selon le code militaire, "un samourai doit vivre et mourir l'épée à la main... Il doit toujours être brave et prêt au combat".

Le code, connu sous le nom de bushidô, ou "code du guerrier", exigeait une dévotion quasi religieuse à la vie militaire, en faisant de la souffrance physique la règle et de la mort héroïque sur le champ de bataille le but le plus noble.



En plus de l'arc asymétrique (le " Yuni " ) le samourai était équipé d'une lance ("Yari " ), d'un long sabre courbe (le "Nodachi " ), et d'un poignard ("tanto" ) passé dans la ceinture.

Le" Wakizashi" (sabre court) était réservé aux sorties en ville .



Notre figurine n'est pas récente puisqu'elle a déjà été traitée dans le Figurine numéro 39 (avril 2001 !) par Diego Ruina .C'est un grand classique de 90 mm de chez Pegaso, sculpté par le talenteux Victor Konnov.

 

Elle représente donc un samourai prêt à décocher une flèche, un genou à terre .
Deux remarques sur la figurine ;

 

 

-L'attitude générale est un peu trop "penchée" à mon goût, et donc j'ai légèrement redressé l'ensemble afin de mieux voir le futur travail de peinture, ainsi que le visage.

  • Victor Konnov a sculpté l'oeil gauche fermé, mais souvent les samourais tiraient au "jugé" donc les deux yeux ouverts. Je n'ai pas voulu tenter une conversion du visage car mon niveau de sculture ne me le permettait pas.

Rien que le montage à blanc à l'aide de patafix s'avère compliqué ; il faut tout vérifier avant de peindre car rien n'est plus désagréable que de s'apercevoir qu'il y a un problème après peinture.

Les différents pans du kusazuri ont été individualisés à l'aide d'un petit code couleur sur leurs intrados, afin de bien les repérer car on s'y perd facilement.

 

Bien sûr le genou gauche a été tigé en traversant la pierre creuse.

Les petits problèmes d'insertion de la jambe droite sont réglés à coup de fraise boule et de magic sculpt (mon epoxy préféré ) .

 

Cette pièce somptueuse n'est pas des plus facile, car elle comporte de nombreuses pièces, rendant de ce fait la peinture un peu compliquée si l'on veut aboutir à une figurine digne de ce nom.

On conseille toujours d'assembler le maximum de pièces avant peinture, mais dans ce cas précis, cela s'est avéré impossible.

 

Une préparation minutieuse des parties à peindre reste incontourable, et malgré tous nos efforts il reste toujours une petite imperfection passée au travers car bien cachée . Seule un voile très fin de peinture à l'aéro ou à la bombe permet de les mettre en évidence et de les corriger avant la couche de base.

La préparation se fait classiquement avec des limes , du papier abrasif fin (600 ou 1000 ) , sur tour avec des meulettes légèrement abrasives, ou même un petit rond d'éponge spontex coupé et monté sur mandrin avant de finir à la paille de fer (à faire en extérieur car toxique et laissant plein de particules ).

Cependant il reste systématiquement des zones rugueuses que l'on comble à l'aide d'époxy, et je conseille fortement le Mr Surfacer 1200. En effet, il comble aisement (en plusieurs couches minces) les imperfections et même les petites bulles pour les figurines résine et ceci plus avantageusement que le jus de milliput (séchage nettement plus rapide ).

Ensuite , vient le léger voile de peinture, la reprise des petits défauts résiduels avant une très fine couche de bombe citadel blanche, qui va servir d'accroche à notre sous couche de base humbrol.

Les nouveaux pots d'humbrol séchant prématurement dès qu'il y a un petit défaut d'étanchéité du couvercle, je me suis tourné vers les Email color de chez Revell qui ont un couvercle plus étanche il me semble.

 

J'ai donc collé la tête (tigée ) sur le buste et tigé les deux bras, les rendant repositionnables à souhait.

Le travail de peinture peut dès lors démarrer en débutant par une partie complexe, le "do" (plastron ).

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Je peins presque exclusivement à l'huile, et je serais bien incapable de réaliser des motifs à l'acrylique, que je réserve pour parfois sous coucher à l'aérographe.

 

LE PLASTRON

 

Le plastron a reçu une couche de base à l'aide d'un mélange de blanc de titane et de terre d'ombre naturelle. Un séchage complet (2-3 jours) est nécessaire avant d'entreprendre la réalisation des motifs à main levée (notion de "freehand" dans la langue de Shakespeare )

La peinture de tels motifs requiert

  • un consistance fluide (non coulante) , et toujours de même nature .

  • des points d'appui parfaits, poignets posés . (la figurine est toujours posée )

  • La pointe du pinceau chargée de peinture (je préfère une pointe longue possédant du coup un réservoir plus important ) on tire le pinceau de gauche à droite (pour un droitier )avec un angle d'environ 45 degrés, en prenant soin d'avoir une vitesse d'éxecution pas trop lente . Le freehand reste à mes yeux très "technique".

  • Un essai préalable est indispensable pour s'entraîner et voir la faisabilité de ce que l'on entreprend. Je commence toujours par une zone pas trop visible .

 

On réserve bien sûr son meilleur pinceau pour cela, dont l'utilisation sera reservée exclusivement aux dessins des motifs .

 

Je me suis basé sur un motif existant réellement, en démarrant par un système de points que l'on aligne à l'aide d'une bande tamiya repositionnable .J'aime bien démarrer avec de la terre d'ombre brûlée, car elle sèche vite, et se retire facilement avec un peu de White Spirit si l'on déborde.

 

J'ai toujours à côté un pinceau fin propre et imbibé de WS qui me sert à cela. Un petit coup d'aérographe (à sec) accélère le temps de séchage.

Il ne faut pas oublier que ce motif se retrouve sur le côté du do, et sur les ailettes (fukigaeshi), qui portent également les armoiries , ainsi que sur l'avant du casque (kabuto ).

 

 

 

 

 

 

 

LE BRAS GAUCHE

 

La base est composée d'un mélange de violet minéral clair (lefranc) et de bleu outremer (Lefranc) . Pour les éclaircies , on rajoute un peu de blanc de titane à la teinte de base.

 

Après un bon séchage, on dessine le fond du tissu et on termine par la réalisation les motifs floraux (kamon) .

LE VISAGE

 

A partir d'une base Ocre jaune/ rouge clair (WN) (en fait un marron rouge )/ une mini pointe de bleu de Cobalt (les veines superficielles de la peau sont bleues) et de blanc de titane.
Puis ajout d'ombres (Terre d'ombre brûlée, vert d'émeraude sur les tempes, tête morte violette ...) et d'éclaircies (jaune de Naples clair, blanc de titane ),

Après séchage reprise des ces dernières de plus en plus finement en glacis (toutes petites pointes de peinture non diluée que j'écrase à l'aide d'un vieux pinceau sur une peinture parfaitement sèche).

Pour les yeux (un seul ici car l'oeil gauche est fermé) je coule un petit jus foncé qui prend les creux (pourtour ) par capillarité, l'excès est retiré avec un pinceau sec. L'iris est réalisé avec un pinceau fin, et la pupille peinte après séchage.

Je finis avec une pointe de vernis satiné pour imiter l'humidité de l'oeil .

 

 

LA CULOTTE BOUFFANTE ET BRAS DROIT

 

Portée sur le kimono, elle laissait aux deux jambes une complète liberté de mouvement.

C'est la partie la plus complexe de la peinture, avec une recherche d'harmonie de couleur avec la manche gauche .

Je suis parti sur une base comprenant un mélange d'ocre jaune clair (Rembrant) et de chair (Old Holland ) que l'on fonce avec du brun de Mars (Old Holland ) et que l'on éclaircit avec du jaune de Naples + Blanc de titane.

J'ai choisi un motif floral, caractéristique des tissus japonnais .

A noter que lorsque l'on souhaite réaliser un motif, ce dernier absorbe beaucoup les contrastes de la sous-couche, qu'il faut alors exagérément contraster .

 

Les fleurs sont peintes de façon aléatoire, et réunies par des spirales, donnant du volume au tissu .

Les jambières sont réalisées à l'aide d'encre d'imprimerie sur une base noire satinée .

 

 

 

LE SOCLE

 

J'ai également voulu mettre notre archer en situation en créant un petit décor proche d'une zone d'eau , en y ajoutant quelques petits roseaux .

 

Une première tentative aquatique pour moi , à l'aide de plantes papiers prédécoupées , et de résine Pébéo.

Bien sûr j'ai eu droit aux déboires de la résine qui déborde et qui coule sur le beau socle en bois , m'obligeant à reprendre au mieux une des faces du socle.

Le pire est que j'avais trouvé une bonne solution en réalisant l'étancheité à l'aide de patafix blanche (neuve) qui a parfaitement fonctionnée, mais je n'avais pas fait les joints assez haut, et c'est par les côtés que la résine a débordé .

 

La peinture du fond doit être acrylique (compatibilité avec la résine ). J'ai rajouté une pointe de bleu vert acrylique à la résine avant de la couler délicatement afin d'éviter les bulles et projections. (laisser reposer un peu après mélange avant sa mise en place ) .

LES PLAQUES D'ARMURE HAUTES ET BASSES

 

Sur une base noire, j'ai opté pour une peinture acrylique à cause de son excellent pouvoir couvrant ( base garance/violet/vieux rose ) .

Il existe une grande variété de motifs et de couleurs pour ces fils de soie tréssés .

J'ai choisi un motif "kurenai susogo" c'est à dire que le motif s'assombrit du haut vers le bas.

 

Les deux bras sont collés avant de rajouter les plaques d'armure dont le positionnement n'est pas toujours aisé, malgré les encoches pré-établies par le sculpteur.

 

 

 

 

 

Le passage du support provisoire au socle définitif est toujours risqué, et demande une attention particulière afin de ne pas salir ou abîmer notre figurine .

Le collage se fait à la colle deux composants en se servant des tenons préalablement fixés.

Toutes les petites imperfections sont reprises à l'aide de magic sculpt lissé à l'eau et retouchées avec la couleur appropriée .

 

LES ACCESSOIRES

 

Sabre et poignard sont décorés à l'aide d'encre d'imprimerie sur une base alizarine cramoisie ainsi que la bobine de corde de rechange de l'arc visible en premier plan.

Le carquois est somptueux, et chaque flèche est peinte individuellement , ainsi que toutes les cordelettes et la ceinture. (acrylique violet/bleu)

Puis on rajoute les éléments manquants du kabuto , avant de coller délicatement les armes diverses.

Les deux Kuwagatas (ailettes verticales ) sont rajoutés après peinture .

J'ai choisi de ne pas mettre le petit dragon central et de me contenter des deux Kuwagatas afin d'alléger un peu l'ensemble.

 

La corde de l'arc a été réalisée avec un peu de fil de coton (merci à la trousse de couture de Madame !) collé à la cyano en deux parties distinctes afin de pouvoir tendre l'ensemble convenablement .

l est grand temps de prendre un peu de recul et de vérifier tous les petits défauts qui auraient pu nous échapper .

A ce stade j'aime bien retoucher les zones de peinture situées dans des zones d'ombre avec de la teinte neutre -un genre de violet très foncé - (Old Holland) que je passe en couches hyperdiluées dans les zones requises afin de foncer un peu plus celles-ci .

 

merci à tous

photos finales
https://www.puttyandpaint.com/projects/17732

 

 

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